La sculpture Monument to the Unknown Anarchist met en scène une voiture en train de brûler. La voiture est présentée sur un socle recouvert de tessons de bouteille. En élevant avec ironie un « monument à l’anarchiste inconnu » comme il en existe « au soldat inconnu », l’artiste retourne avec humour l’ordre des valeurs établies. En prenant une voiture brûlée comme symbole et en l’élevant sur un socle, il semble tourner en dérision l’acte de célébration lui-même et sa prétention à distribuer le bien et le mal, la violence légitime de l’illégitime.

Dans ses oeuvres en néon, l’artiste joue avec la forme des mots autant d’un point de vue linguistique (ressemblance des signifiants) que d’un point de vue plastique (dimension sculpturale des lettres).
Manifest de Kendell Geers, semble répondre à l’oeuvre de Bruce Nauman sous la forme d’une question sans réponse : « What do you
believe in? ». La forme interrogative de la phrase nous met au défi de croire en quoi que ce soit et sonne plutôt comme une affirmation nihiliste.

Le mot le plus utilisé par l’artiste est le mot « fuck ». Dans l’oeuvre de Kendell Geers il se donne d’abord à voir comme
un motif décoratif. La répétition du mot, son écriture inversée, la typographie, la taille des lettres et le relief des supports
sont autant d’éléments qui viennent perturber, presque empêcher, sa lecture. L’insolence du mot est retenue, elle n’explosera qu’au regard du visiteur attentif.

La problématique des frontières est omniprésente dans l’oeuvre de Kendell Geers. Les matériaux les plus utilisés par l’artiste, rubans de balisage rouge et blanc, tessons de bouteilles et fils de fer barbelés matérialisent des limites et cristallise l’oeuvre autour de la notion de frontière. (L’omniprésence de ces frontières n’est pas sans rappeler l’origine du mot « apartheid », mot afrikaans emprunté au français signifiant « séparation, mise à part »).