C'est à l'occasion de la Biennale de Lyon 2001 qu'est née l'envie de présenter plus largement le travail de Jean-Luc Mylayne : il y avait exposé une pièce monumentale N°105 Septembre à décembre 1991, Les poissons rouges. Aujourd'hui, le macLYON choisit de consacrer 2 de ses étages d'exposition à l'oeuvre de cet artiste singulier.
Depuis 1976, Jean-Luc Mylayne vit en nomade sur les routes de France et du monde à la recherche d'oiseaux qu'il photographie. Sa quête porte avant tout sur la rencontre, intime et furtive, avec l'oiseau. Chacune de ses photographies est tirée, sauf exception, en un unique exemplaire et Jean-Luc Mylayne n'a produit dans sa carrière qu'à peine plus de 400 photographies. Ces 15 dernières années, seules 2 expositions lui ont été consacrées en France : le Musée d'art moderne de Saint-Etienne en 1991 et le Musée d'art moderne de la Ville de Paris en 1995.
En revanche, Jean-Luc Mylayne vient de présenter une série d'expositions monographiques dans diverses institutions américaines parmi lesquelles the Art Museum of Houston, the Henry Art Gallery of the University of Washington, Seattle, the Museum of Contemporary Art Cleveland, the Krannert Art Museum, University of Illinois, Urbana-Champaign et prochainement au Parrish Art Museum, Southampton. Par ailleurs, il expose très régulièrement aux prestigieuses galeries Barbara Gladstone (New York / Bruxelles) et Monika Sprüth, Philomène Magers (Berlin / Londres).
L'artiste présente au macLYON un ensemble inédit de 71 photographies grands formats et produites pour l'occasion.
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L'homme et l'oiseau
Les photographies de Mylayne reposent sur l'instauration d'une relation entre l'artiste et son sujet, relation intime et furtive qu'il établit au cours de longs mois de préparation. Mylayne choisit de photographier les oiseaux sans téléobjectif et doit donc créer une relation de confiance avec son sujet pour pouvoir l'approcher. Au fil du temps passé avec les oiseaux, il conçoit une mise en scène précise de ce qu'il appelle ses « tableaux ». Il travaille à la manière d'un peintre, par approches successives, en choisissant le contenu de l'image et sa structure, en définissant la place des figures et les touches de couleur. C'est pour cela que l'intimité harmonieuse entre l'artiste, les oiseaux, le paysage et la lumière est au coeur de son travail. Il réalise alors et nous dévoile l'oiseau dans son environnement : parfois invisible, définitivement enchevêtré à son milieu, l'oiseau est tantôt au coeur tantôt au bord de ses photographies.
La focale
Mylayne a mis au point une technique photographique singulière. Il invente et fabrique lui-même ses lentilles, qui lui permettent d'obtenir des points focaux multiples sur un unique plan d'image. Cette série de lentilles intervient sur ses compositions, soit pour flouter, soit pour se concentrer sur un détail, tout cela dans le but de se rapprocher de la vision la plus pure de l'oeil humain. Face aux photographies de Mylayne (qui ne connaissent aucune retouche, ni manipulation), notre regard n'est pas statique, il se promène, glisse des points objectifs vers les points subjectifs.
Le temps
Le temps, au coeur de son travail, se retrouve jusque dans les titres qu'il choisit pour ses oeuvres, qui ne mentionnent que des dates ou des chiffres. En général, les dates, qui couvrent des périodes de plusieurs mois, indiquent la longue attente de contact nécessaire avant même que l'artiste ne réalise la mise en scène. Les numéros précisent la place de l'oeuvre dans le projet de l'artiste ; ainsi n°428, Novembre-Décembre 2005 est la 428e photographie produite par Mylayne. Le travail de Mylayne se fait dans le temps chronologique et dans le temps instantané.
L'homme et la pomme
La figure de la pomme est présente dans l'oeuvre de Mylayne depuis 2000, souvent photographiée à proximité d'oiseaux. Les pommes sont associées dans l'histoire de l'art à la religion, la mythologie ou même encore la psychologie. Dans ses photographies, Mylayne se joue de la tradition de la nature morte classique, série d'objets inanimés, en plaçant « ses acteurs » à proximité.
La pomme desséchée du triptyque PO-64, septembre 2001-mai 2007 a inspiré le titre de l'exposition, Tête d'or, à l'artiste. En effet, son aspect et sa forme dévoilent, selon Mylayne, un masque d'or. Le titre fait écho à la légende qui donna au parc de la Tête d'Or* son nom : une tête du Christ en or serait enfouie sous le lac. Malgré les nombreuses fouilles, le trésor ne fut jamais découvert...
La mise en scène
Le travail de Mylayne conduit l'artiste sur les routes d'Europe et des Etats-Unis avec sa compagne et collaboratrice, Mylène. Il photographie des oiseaux, non pas d'espèces rares mais plutôt communes : rouges-gorges, geais, merles, moineaux, étourneaux... Il attend l'instant, le moment de vie et seulement alors, capture l'image.