La première rencontre entre le Musée et Alan Vega s'est faite lors de l'exposition Soundtrack for an exhibition présentée au macLYON du 8 mars au 11 juin 2006. À cette occasion, Susan Stenger composait une bande-son pour la durée de l'exposition, soit 96 jours, tandis que John Armleder était aux peintures et Kristian Levring à l'image cinématographique. Susan Stenger s'était entourée de plusieurs musiciens, parmi lesquels Alan Vega. C'est à cette occasion qu'est né le projet de présenter plus largement l'oeuvre plastique de l'inventeur du rock électronique.
Alan Vega est cependant beaucoup moins connu comme artiste plasticien. Le macLYON lui consacre sa première rétrospective. Composée d'un large ensemble d'oeuvres créées depuis 1971, l'exposition présente nombre de sculptures lumineuses dont les crucifix – série d'oeuvres débutée dès le milieu des années 80 - et un large et exhaustif ensemble inédit de dessins et de peintures. Présentant près de 40 ans d'activité, la rétrospective s'achève sur une nouvelle pièce, une installation lumineuse monumentale réalisée pour l'occasion.
Commissaire de l'exposition
Mathieu Copeland
Commissaire indépendant, Mathieu Copeland vit et travaille à Londres. Diplômé du Goldsmith College de Londres en 2003, il cultive une pratique qui cherche à subvertir le rôle traditionnel des expositions et à en renouveler nos perceptions. Depuis 2004, il organise "Expart-Art Centre/EAC", " Soundtrack for an exhibition" (avec la collaboration d'Alan Vega) au Musée (2006) et initie l'exposition itinérante "Une Exposition parlée". En 2008, il réalise "Une Exposition chorégraphiée" à la Kunsthalle de St Gall et à La Ferme du Buisson à Noisiel. En 2009, il est co-curateur de l'exposition "VIDES, Une Rétrospective" au Centre Pompidou à Paris. En 2003, il publie "Perfect Magazine" et aujourd'hui encore dirige une collection de films d'artistes en DVD.
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Light sculptures
« J'ai débuté comme peintre. La première fois que j'ai réalisé une "sculpture lumière" je travaillais sur une peinture de grand format de couleur violette. Une seule ampoule éclairait la pièce, et comme j'allais et venais, j'ai remarqué que la peinture prenait différents aspects. Je n'arrivais pas à obtenir l'unité de couleur que je cherchais et je me suis dit : "fuck this man" ; j'ai décroché l'ampoule du plafond, et je l'ai littéralement plantée sur ma peinture. Cela m'a ouvert à l'idée même de couleur, alors que je voulais la contrôler, j'ai commencé à voir à quel point la lumière pouvait modifier une peinture : c'est la lumière qui détermine la peinture [...]. Dès que j'ai commencé à travailler avec l'éclairage, j'ai utilisé de plus en plus d'ampoules, à la place de pigments. Les ampoules de couleur sont devenues ma propre palette. »
Objets divers
Alan Vega étudie avec Ad Reinhardt au Brooklyn College et se concentre dans un premier temps, sur la peinture. À partir de la fin des années 60, son intérêt se porte sur la lumière et il crée ses premières "light sculptures", assemblages d'objets divers composés d'ampoules, de lampes, de télévisions et de néons de toutes formes et couleurs.
Anti-esthétique, anti-formel, son oeuvre embrasse la réalité contemporaine dans laquelle il évolue. En parallèle à l'Arte Povera, son travail en offre pour ainsi dire un pendant "made in USA". Faisant fi de toute préciosité, pour l'une de ses toutes premières expositions à New York en 1972, Vega ramasse dans la rue les matériaux qui constitueront son oeuvre et les présente dans la galerie. À la fin de l'exposition, il les rend à leur réalité première, les retournant à la rue.
Dessins
« Je dessine exclusivement des gens, les visages m'intéressent plus que tout le reste. Je jette la plupart de mes dessins. Il faut que l'inspiration vienne de façon naturelle. Elle vient quand j'écris des chansons ou des poèmes. Il faut juste essayer de plonger au plus profond de soi-même. Pour être franc, je déteste écrire, et curieusement, je ne peux m'y mettre qu'à condition de dessiner un portrait. [...] Quand je regarde mes dessins, je les vois davantage comme des dessins de sculpteurs. Il y a une différence dans la façon d'utiliser le trait. Je vois comment je fais mes trucs, c'est probablement comme sculpter le papier, c'est presque comme tailler avec un crayon. »