Rencontre avec les artistes iraniennes Niloufar Basiri, Ghazaleh Bahiraie, Faezeh Zandieh et Samaneh Atef, jeudi 13 avril 2023 au macLYON.
Niloufar Basiri, Ghazale Bahiraie, Faezeh Zandieh et Samaneh Atef ont choisi de s’installer à Lyon pour mener le métier d’artiste qu’elles avaient souvent débuté en Iran. Installées dans l’atelier-résidence du Grand Large, elles exposent leurs œuvres en France, notamment à Lyon, et pour certaines à l’étranger.
Guillaume Ducongé, co-directeur de la galerie La Taille de mon âme (Lyon) et Françoise Lonardoni, du macLYON, dialogueront avec ces femmes artistes dont la destinée a été transformée par l’immigration.
Après l’accrochage des affiches « Femme Vie Liberté » au macLYON le 8 mars, cette rencontre vient confirmer le soutien du musée aux femmes iraniennes et aux luttes pour l’égalité en général.
Les artistes :
Niloufar Basiri utilise la broderie pour réinterpréter les motifs traditionnels iraniens sur la toile de Jouy. Ses dessins lui permettent de confronter son héritage culturel à son appréhension du territoire français. Par la broderie aussi et par le dessin, Ghazale Bahiraie s’inspire d’expériences vécues et de l’actualité pour créer. Faezeh Zandieh pratique la gravure, dessine et peint pour présenter différents sujets. Récemment, elle se concentre sur la figure humaine en mettant en avant des corps en action. Plus particulièrement, c’est la femme qui est le sujet unique de Samaneh Atef. Elle évoque les situations de domination subies au quotidien par les femmes.
Rencontre traduite en français.
Ecouter la rencontre (mixage et prise de son Audiovisit) :
More information
Samaneh Atef
Les sujets du travail de Samaneh Atef sont personnels, dépendants de sentiments et de différentes motivations. La figure de la femme est centrale. Elle utilise plusieurs matériaux ainsi que diverses techniques, ne s'imposant aucune limitation.
Elle a exposé pour la première fois en octobre 2016 à Belgrade, au Museum of naive and marginal art. À son arrivée en France, à Lyon, elle a pu bénéficier d'une résidence de création à l'URDLA (Villeurbanne) où elle a réalisé des estampes.
Ghazale Bahiraie
L’art est pour Ghazale Bahiraie une façon de maintenir en vie les expériences vécues et de mieux voir ce qu’il y a autour d'elle. Ce qui l'attire le plus, ce sont les objets d’apparence banale et ordinaire, les objets usés ou abandonnés, les feuilles qu'elle trouve par hasard au coin d’une rue. Chaque objet a de l’importance dans sa vie. Chaque objet possède ses propres souvenirs. En les mettant les uns à côté des autres, elle fabrique un nouvel événement et elle essaie de trouver quels rapports les relient à elle, à son vécu, à ses souvenirs. En laissant errer son regard sur eux, elle recherche une autre façon d’interpréter les rapports humains, elle met en ordre les mots, les phrases qui racontent les histoires et les expériences humaines.
Niloufar Basiri
Artiste protéiforme, Niloufar Basiri laisse son héritage culturel iranien se confronter à son appréhension du territoire français.
Elle révèle dans ses peintures et broderies des paysages oniriques souvent teintés par une histoire subjective. Broder lui sert à creuser des souvenirs et peindre lui permet de construire un monde avec des éléments qui ont constitué son passé et son présent. C’est par la performance qu’elle décide d’aller plus loin que de restituer une simple vision d’un monde. Elle examine les limites du langage par la traduction. Elle place le·la spectateur·trice dans une situation d’incompréhension face aux mots qu’iels entendent lui permettant ainsi de les entraîner dans sa perception du monde. Son corps et sa voix deviennent alors des outils de lutte contre des systèmes de marginalisation. La poésie de son travail devient une réponse politique. Son rapport au monde nous entraîne au croisement de nombreuses problématiques sociales que traverse cette artiste iranienne.
Faezeh Zandieh
« Après des études d’architecture, elle décide de se tourner vers les arts visuels, d’abord par la peinture et le dessin qu’elle apprend dans l’atelier de Babak Etminani. Ensuite découvre-t-elle les possibilités que lui offrent les techniques de l’estampe et en particulier la gravure dans lesquelles elle développe un savoir-faire certain. Ainsi lit-on les dessins et les gravures de Faezeh Zandieh comme la nécessité d’un désir d’enregistrer une trace des beautés du monde qui l’entourent : en premier lieux les portraits au crayon de couleurs de personnes, souvent seules, sur lesquelles se dépose le voile de la mélancolie de la finitude, apparaissent comme des photographies surannées d’un temps révolu. Les teintes légèrement éteintes des couleurs qui ne perdent rien en vigueur grâce au trait du crayon s’étendent à ce que nous appelons improprement natures mortes, il conviendrait de reprendre le terme classique de nature reposée, au repos, en vie, en attente de la fin. » URDLA