Unchorus
Performance collective pour 8 vocalistes, Violaine Lochu, 15 min, 2019

Avec Betty Camaly, Agathe Chevalier, Zoé Grant, Lena Heinz, Violaine Lochu, Agnes Quenardel, Floraine Sintes et Garance Wullschleger
En partenariat avec l'ENSBA Lyon

Quelles sont les conditions d'émergence d'une "voix commune" ? Qu'est-ce qu'une voix portée par plusieurs, comment les singularités y trouvent-elles leur place, les dissonances l'affaiblissent-elles ou l'enrichissent-elles au contraire ?
Ces questions, centrales dans l'ordre du politique — par exemple au sein des récents mouvements de protestation en France — touchent tous les groupes humains dès lors qu'il s'agit de se faire entendre collectivement.

Dans le chœur chanté, plus particulièrement le chœur révolutionnaire, ces mêmes questions sont doublées, réitérées dans l'ordre du sensible. Chacun des interprètes y est au service d'un message politique commun, porté par une mélodie et un texte dont la finalité est d'unir les voix et les forces.

La performance Unchorus interroge cette notion de chœur révolutionnaire, quand les possibilités de faire voix commune se heurtent, en ces temps de "globalisation" paradoxale, à d'immenses difficultés ; l'idée même de révolution y est tour à tour objet de répulsion pour certains, de crainte, de doute, ou d'espérance pour d'autres. Dans un premier temps, les 8 performeuses participant au projet ont été invitées par Violaine Lochu à apporter un chant révolutionnaire de leur choix. Ces chants liés à des zones géographiques, des périodes historiques et des contextes politiques divers, pour certains presque effacés de la mémoire collective, sont "ré-activés" dans cette performance.

Les voix doutent, cherchent, balbutient, tentent d'articuler un message inter-linguistique, se disjoignent, se superposent… Bien que chaque interprète soit porteuse de sa propre parole, de sa propre langue et de son propre chant, les corps et les voix qui se cherchent, finissent par rejouer les figures collectives du cortège, de la procession, de la manifestation...

De l'apparent désordre sonore initial émerge une voix, certes dissonante, voire cacophonique, et pourtant chorale. Pourquoi ne pas y entendre l'écho d'un chant pré-révolutionnaire ?