Temps fort de l’actualité artistique internationale, la Biennale d’art contemporain de Lyon prend en 2019 un nouvel essor.
Grâce à la mise à disposition du site exceptionnel des Usines Fagor, qui se déploie sur plus de 29 000 m² au cœur de Lyon, cette 15e édition prend une ampleur sans précédent. Avec cette immense friche industrielle, l’intégralité du Musée d'art contemporain, des interventions sur toute la métropole et en région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est un champ d’expérimentation hors norme qui s’offre aux artistes et donne à la manifestation une dimension nouvelle.
Le commissariat est confié à l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo.
Isabelle Bertolotti, directrice du macLYON, est la nouvelle directrice artistique de la Biennale.
Là où les eaux se mêlent
Cette 15e édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon est conçue comme un écosystème, à la jonction de paysages biologiques, économiques et cosmogoniques. Elle se fait ainsi le témoin des relations mouvantes entre les êtres humains, les autres espèces du vivant, le règne minéral, les artefacts technologiques et des histoires qui les unissent.
En écho à la géographie même de Lyon, Là où les eaux se mêlent est le titre, emprunté à un poème de Raymond Carver, de la 15e Biennale d’art contemporain. Elle investit pour la première fois, outre le macLYON et de nombreux lieux associés, les halles désertées des anciennes Usines Fagor, situées au coeur du quartier Gerland.
Une cinquantaine d’artistes de toutes générations et nationalités, dans une distribution paritaire, sont invité.e.s à concevoir des œuvres in situ.
Au macLYON : Nina Chanel Abney, Gaëlle Choisne, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Jenny Feal, Karim Kal, Renée Levi, Josèfa Ntjam et Aguirre Schwarz.
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Nina Chanel Abney
Pour la Biennale, l’artiste s’empare de la façade du macLYON et déploie une composition fluorescente où des corps aux genres hybrides s’emmêlent, sans dessus ni dessous. À l’ère de l’open source, Nina Chanel Abney puise dans des références multiples qu’elle sample et remixe pour créer un nouveau langage empreint de cultures populaires (des cartoons satiriques au graffiti, en passant par le hip-hop), de politique et d’entertainment. Ainsi, l’artiste élabore des narrations opaques, parfois accompagnées de mots et sonorités du présent (slogans politiques, argot…). Superposées de manière complexe, ces formes compressées révèlent alors des paysages d’émoticônes.
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Aguirre Schwarz
Figure historique du post-graffiti en Europe, Aguirre Schwarz s’est fait connaître sous le pseudonyme de ZEVS, nom du RER qui faillit l’écraser alors qu’il peignait dans un tunnel de métro. À la fin des années 1990, l’artiste intervenait dans l’espace public avec son pictograffiti dont les lettres formaient un nuage aux éclairs menaçants. À la suite d’une arrestation à Hong Kong en 2009 alors qu’il peignait un logo Chanel sur la façade d’une boutique Armani, l’artiste anonyme abandonne le collant léopard qui masquait son visage. ZEVS redevient Aguirre Schwarz, mais continue de cibler les questions de pouvoirs économiques et politiques. Pour la Biennale, il « liquide » les logos des partenaires, révélant un paysage économique dégoulinant, entre pigments et pixels.
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Dewar & Gicquel
Les « fantasmes mammifères » prolongent une réflexion au long cours des artistes sur la place de l’homme, mammifère parmi les autres d’un bestiaire anti-spéciste. Dans leur musée imaginaire, tous les éléments en bois sculpté ont été moulinés au gré de leurs visions hallucinées. Le corpus d’œuvres en chêne massif, aussi précis que délirant, décline le mariage fortuit d’une truie et d’un homme, l’excavation de bœufs attelés, l’apparition de lapins géants des Flandres et la multiplication exponentielle de membres humains. Ils imaginent un mobilier d’inspiration pastorale et des corps à corps sexués autant que nourriciers entre des figures humaines en position de gisants et d’autres animaux à peau lisse.
