"Listen Profoundly", le titre de cette exposition organisée dans le cadre de la Biennale Musiques en Scène 2014, s'inspire directement de l'une des pages du recueil intitulé XXX, Anecdotes and Drawings de Morton Feldman, acquis par le macLYON en 2003.
Cette formule qui relève autant de l'injonction, un appel à vivre une expérience sonore, spatiale et temporelle, que d'une quête spirituelle, un questionnement de l'écoute, sera le point de convergence des trois installations présentées dans le cadre de ce projet. Feldman, Langheinrich, Goebbels : trois compositeurs en quête de sons, trois artistes en quête de sens, trois remarquables incantations, toutes vouées à sonder la profondeur de ce qui est donné à voir et à comprendre.
Installations sonores et visuelles
Morton Feldman
XXX, Anecdotes & Drawings, 1984
Ulf Langheinrich
Land IV, 2011
Heiner Goebbels
Genko An 69006, 2013
(commande du Musée d'art contemporain de Lyon et de Grame)
Site de la Biennale Musiques en Scène
Inauguration suivie du 2ème Quatuor à Cordes de Morton Feldman par le Quatuor Béla à 20h
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« Listen Profoundly ». Ces deux mots figurent, entre guillemets, sur la douzième planche du recueil XXX, Anecdotes and Drawings de Morton Feldman. « Improvisations » sur le thème du « futur de la musique locale » inspirées notamment du travail de Mark Rothko, ces trente planches, acquises par le Musée d’art contemporain de Lyon en 2003, constituent le premier volet de ce triptyque. […]
Sur la même planche, deux croquis : l’un carré et l’autre rond, qui ne sont pas sans évoquer les deux fenêtres du temple bouddhiste de Genko à Kyoto, source d’inspiration de Genko-An , installation visuelle et sonore de Heiner Goebbels.
Les deux fenêtres en question donnent sur le même jardin, mais les perturbations perceptives provoquées par leurs formes respectives — la fenêtre carrée est dite « fenêtre de confusion » et la ronde « fenêtre d’éclaircissement » — sont l’occasion pour le compositeur de décliner la formule de Gertrude Stein, « To see something / To hear something [ Voir quelque chose / Entendre quelque chose ] » en jouant sur le hiatus entre expériences sonore et visuelle d’un même matériau dans deux espaces distincts.
Ulf Langheinrich viendra quant à lui apporter un éclairage complémentaire sur la dimension immersive du propos. Travaillant sur l’illusion numérique, Langheinrich s’attache à mettre en avant cette « beauté spécifique à la monotonie mathématiquement rigoureuse, propre aux contenus créés et traités par voie numérique », en mêlant dans son creuset informatique, d’une part des enregistrements de vagues sur les rivages d’Accra, au Ghana et, d’autre part, des ondes issues de formules relatives à des systèmes de particules et de calculs de bruit fractal.