La pratique de Vir Andres Hera naît d’une multiplicité de récits, de langues et de subjectivités. Alternant les médiums au gré de ses projets, l’artiste s’appuie sur différents courants de pensées qui revendiquent les identités marginalisées ou racisées : mouvement queer, chicana ou black studies. Privilégiant le mode du collectif, Vir Andres Hera s’entoure de chercheur·euses, activistes, performeur·euses ou chaman·es pour restituer des histoires fragmentées.

D’origine arménienne, Meri Karapetyan a grandi à Erevan où elle a été profondément marquée, entre 2020 et 2022, par les conflits survenus dans l’Artsakh. Depuis, l’artiste déconstruit la notion de frontière dans le but de la «désarmer» et de révéler ce qu’elle estime en être la fonction principale : définir ce qui relève de l’indéfinissable. Son œuvre use de matériaux divers tels que la corde, la terre, le cuivre, le plâtre ou le goudron, afin de donner forme à une à une approche émotionnelle et expressive.

L’approche d’Ines Katamso peut être scientifique, quand elle cultive des bactéries pour étudier leurs formes. Elle peut aussi être spirituelle, lorsqu’elle met en avant les mythologies balinaises et javanaises, peuplées de créatures fantastiques issues de l’animisme et de l’hindouisme. Francoindonésienne et résidant à Bali, Ines Katamso explore la culture traditionnelle de l’île mais aussi ses problématiques contemporaines, au premier rang desquelles figure la pollution des espaces naturels. En réaction, elle réinvestit des techniques artisanales au moyen de matériaux recyclés pour créer des œuvres durables.

Nadežda Kirćanski s’exprime principalement par le dessin et l’installation, explorant le contraste entre les réalités sociopolitiques et la vie sociale, émotionnelle, intellectuelle et matérielle de la jeune génération serbe. L’exploration de l’espace, qu’il soit public ou privé, permet à l’artiste de mettre en évidence les contradictions, les systèmes de conditionnement ou d’oppression du quotidien. Son approche crée un récit singulier, à la fois personnel et collectif, centré sur la réalité dans laquelle elle vit.

Sahil Naik interroge ce qui fait mémoire ou vérité. L’artiste emprunte à l’histoire naturelle et au modernisme architectural pour développer une pratique relevant tant du diorama, reconstitution de scènes utilisée dans les musées d’histoire naturelle, que de la maquette. Il s’inspire de sites architecturaux témoins d’événements cataclysmiques – incendies, inondations, explosions – dont il reproduit les vestiges. Ses oeuvres mêlent ainsi témoignage et réécriture pour restituer la mémoire traumatique des lieux et des personnes.

Matthias Odin interroge notre rapport aux objets familiers à travers des oeuvres qui évoquent son propre vécu. Errant dans la ville, au hasard des rencontres et des amitiés qu’il noue, il conserve des souvenirs de ses déambulations, des objets abandonnés ou récupérés qui deviennent les éléments de ses sculptures, assemblages et installations. L’errance, la rencontre, l’égarement, la construction de soi et l’adaptation constituent ses sujets de prédilection.

Le duo formé par Jennetta Petch et Szymon Kula est uni par un rapport commun aux matériaux. Les deux artistes s’attachent à comprendre leur histoire et leurs usages, qu’il s’agisse d’outils agricoles anciens ou d’équipements sportifs contemporains. Pour elles·eux, les objets sont bavards : ils parlent des gestes qui les ont façonnés, des corps qui les ont utilisés et du contexte des sociétés qui les ont produits.

Les créations de Shivay La Multiple mêlent rêve et réalité. Sa recherche se concentre sur la mise en volume d’un conte initiatique qui prend naissance dans le fleuve Maroni puis se prolonge au fil des fleuves Congo, Sénégal, Casamance et Nil pour errer vers les chutes d’Itanda en Ouganda, le long du Dourot au Portugal ou encore du Lobe au Cameroun. L’artiste y collecte des fruits ligneux et plus particulièrement des calebasses, porteuses de traditions, dont la rondeur des coques abrite l’eau que les mains ne peuvent retenir.

Anastasia Sosunova fait coexister des histoires personnelles et collectives, des souvenirs d’événements passés, des légendes et la réinterprétation d’anciennes mythologies. Elle explore le pouvoir des systèmes de contrôle, des traditions et des croyances qui façonnent aujourd’hui le comportement des individus et des communautés. À travers la gravure, la sculpture et la vidéo, l’artiste crée de nouvelles formes de « folklore contemporain ».