Rencontre à la doc
Art et écologie avec Agnès Violeau et François Salmeron
Le macLYON initie un nouveau format de rencontre autour du livre et des écrits. Au cœur du centre de documentation du musée, Agnès Violeau et François Salmeron vous proposent d’échanger autour de leurs ouvrages, Pratiquer l’exposition – une écologie (Agnès Violeau) et Itinérances écologiques – art, éthique et environnement (Françoise Salmeron).
C’est par le prisme de l’exposition et de la critique d’art que les deux essais situés de la curatrice Agnès Violeau et du philosophe et critique François Salmeron, alertent sur l’urgence de fonder une nouvelle écologie environnementale, sociale et subjective, dans l’écosystème artistique.
À travers ces deux ouvrages complémentaires, François Salmeron et Agnès Violeau appellent à une nécessaire mise en élan individuelle et collective en faveur d’une nouvelle écologie de l’art.
En effet, quelle place occupons-nous dans l’exposition et le monde, en tant qu’artiste, professionnel·le, usager·e ou citoyen·ne ? Si l’écologie pose à travers son étymologie même la question de l’habitabilité de la planète (la préfixe éco renvoie au grec oïkos qui désigne « le foyer et ce qu’il produit ; le lieu que l’on habite ensemble »), elle nous invite à nous défaire de l’anthropocentrisme et du dualisme humain-nature, pour dessiner un rapport au monde qui ne soit plus strictement instrumental, productiviste ou individualiste - loin des effets d’annonce d’un green-washing superficiel, réduisant l’art à un spectacle consommable.
Dès lors, en quoi les œuvres, les actions et la vision du monde que défendent un art et son exposition écologiquement responsables, révèlent-elles d’autres manières de créer, de vivre et de considérer le vivant, et notre place dans l’écosystème, à l’heure où nos modes d’existence bouleversent l’équilibre de la planète ?
Partant d’une observation fine des pratiques artistiques et curatoriales, Agnès Violeau et François Salmeron définissent l’art et son exposition comme un « processus opératoire vertueux », une mise en élan capable de retisser des liens sociaux et environnementaux, tout en suivant un principe d’efficience ou de « concrétude environnementale », en vue de revivifier le contexte dans lequel s’enracinent l’œuvre d’art et sa rencontre.
Ce qui est en jeu ici, c’est la recherche d’outils d’émancipation individuelle et collective à travers l’art exposé et l’écologie, afin d’articuler poièsis et praxis, soit la création artistique et l’action politique, et garantir ainsi l’habitabilité, la vitalité et la soutenabilité de notre espace commun.
Le centre de documentation Maurice Besset
Véritable centre de ressources du musée, il conserve plus de 22 000 ouvrages spécialisés en art contemporain : histoire de l'art, monographies d'artistes, catalogue d'expositions du monde entier, publications du macLYON depuis ses débuts, catalogues de Biennales d'art contemporain dont celles de Lyon et Venise... On y trouve également des livres sur le cinéma, la photographie, l'architecture, le design et un grand nombre de périodiques (magazines).
Le centre de documentation est nommé d'après Maurice Besset, généreux donateur qui a légué un fonds de plus de 3 200 ouvrages, recelant des livres parfois rares et précieux sur l'histoire de l'art, l'architecture ou encore le design.
Que vous soyez étudiant·e, professionnel·le ou chercheur·euse, le centre de documentation vous est ouvert sur rendez-vous les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 11h à 17h.
Gratuit
Réservation conseillée
18h30 - 20h
Au centre de documentation Maurice Besset
En savoir plus
Agnès Violeau, Pratiquer l’exposition – une écologie. Éditions Mix., 2024, 72 pp illustrées, 11,5 x 17,5 cm (broché), 10 €. Diff. Les presses du réel.
Comment et pourquoi “faire” exposition aujourd’hui ? À l’heure d’une montée de l’immersif et de l’instagrammable, comment l’exposition peut-elle être pensée comme bien commun agissant ? Être par son usage, son agentivité, vecteur de valeurs par lesquelles repenser le monde ? Prenant appui sur une sélection de réalisations construites sur des pratiques éco-vertueuses ou soustractives, sur l’expérience plus que l’objet, sur la pédagogie plus que l’expotainement, l’essai situé envisage l’exposition comme nouvelle écologie sociale, un brave space (lieu d’encouragement), appareil d’une nécessaire soutenabilité commune.
Agnès Violeau est curatrice et critique indépendante, membre ICOM. Ses recherches portent sur l’exposition comme surface réfléchissante, intégrant les pratiques sociales. Elle a notamment été commissaire des expositions : Fais-moi une place, une exposition de seconde main (2023, ENSP Arles) ; The Real Show (2022, CAC Brétigny et al. avec Céline Poulin) ; Figures de cire (2021, MAC Lyon) ; Le langage est une peau (2020, Frac Lorraine, Metz) ; Process Terminus, Biennale de Venise 2019, projet finaliste sur la destruction de l’oeuvre avec Sandwich Bucharest, Pavillon Roumain ; Novlangue_ (Programmation Satellite 2018-19, Jeu de Paume, CAPC, Museo Amparo, Mexico) ; I’d Rather Not To, 2016, Verbo festival, avec le CNAP et le CND, Vermelho, Sao Paulo ; Des choses en moins, des choses en plus : les collections protocolaires du CNAP (2014, Palais de Tokyo avec Sébastien Faucon) ; Materializing the Social (2013, WIELS, Bruxelles) ; Fictions_Lectures performées (2008-2011, Fondation Ricard avec Christian Alandete), etc.
Elle codirige depuis 2004 la revue j’aime beaucoup ce que vous faites.
François Salmeron, Itinérances écologiques – art, éthique et environnement. Éditions Caza d’Oro, 2024, 272 pages illustrées, 18 x 24 cm, 29 €. Diff. Les presses du réel.
Fruit d’une résidence de recherches et d’écriture critique au Centre d’art Caza d’Oro, en région Occitanie, Itinérances écologiques part à la rencontre de plus de vingt artistes internationaux, expositions et projets écoresponsables, soucieux du devenir notre écosystème, à travers un essai introductif et 6 chapitres dédiés au vivant ; au ré-ensauvagement de la nature ; à l’éco-engagement, à la permaculture et à l’écohabitat ; à la question du soin ; à l’animalité ; et à une vision dynamique et créatrice de la nature.
Ces Itinérances écologiques apparaissent ainsi comme un carnet de route environnemental, un outil de réflexion éthique, et une étude de terrain attentive à notre temps pour découvrir la formidable vitalité des approches éco-engagées qui fleurissent dans le champ de l’art contemporain. L’enjeu : préserver et régénérer la communauté biotique à laquelle nous appartenons, suivant les préceptes d’une éthique de la terre, de la responsabilité et du care.
François Salmeron est philosophe, critique d’art, journaliste, enseignant et trésorier du bureau de l’AICA France (Association Internationale des Critiques d’Art). Il contribue à des publications françaises et internationales, dont Le Quotidien de l’Art et son Hebdo, ainsi qu’à des catalogues d’exposition et des monographies d’artiste. Il enseigne l’esthétique à l’École des Arts de la Sorbonne, et l’écriture critique au Département de Photographie de l’Université Paris 8 Saint-Denis. Ses recherches doctorales menées à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED APESA) portent sur les éthiques et les esthétiques environnementales. Il a édité plusieurs recueils de poésie, et se consacre à la musique jazz, blues et rock en tant que batteur.