L’exposition présente un ensemble inédit et exceptionnel de plus de 170 œuvres, des premières performances, dessins, diagrammes, peintures, jusqu’aux photographies, œuvres sonores, films et sculptures, retraçant ainsi 60 années de création. C'est la rétrospective la plus complète jamais réalisée.
Cette rétrospective a pour objet d’examiner toutes les étapes qui conduisent, à l’orée des années 1960, un jeune artiste de 20 ans à « souhaiter retirer toute charge d’expression contenue dans l’œuvre pour la réduire à un fait matériel », puis à s’approprier l’astrophysique, la physique nucléaire et la logique mathématique, à interrompre 5 ans son activité pour opérer enfin un retour inattendu avec des toiles sur châssis. Suivront les œuvres sonores, la poésie, puis les lignes indéterminées, les accidents, les dispersions, les combinaisons aléatoires, jusqu’aux lignes indéfinies et courbes des sculptures monumentales en acier corten dédiées à l’espace urbain.
L’œuvre protéiforme de Bernar Venet reste encore mal connue car elle est souvent exposée partiellement, en « périodes » ou selon une logique de support (les « goudrons », les sculptures en acier…). Elle exige aujourd’hui d’être appréhendée dans son intégralité afin d’en cerner l’ampleur, la complexité, la poésie et l’évidence. Il convient d'en retracer le parcours afin de restituer au contexte qui l’a vu naître (l’apparition du happening en 1959, du Nouveau Réalisme, de Fluxus et de l’École de Nice dans les années 1960, « l’invention » de l’art minimal et conceptuel aux États-Unis où Bernar Venet s’installe en 1966), la pertinence et le haut degré de création. C’est l’objet de cette rétrospective.
Le commissariat est assuré par Thierry Raspail.
L'artiste
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Nom de l'artisteBernar Venet
Né en 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban, Bernar Venet réside depuis 1966 entre les États-Unis et la France.
Ses premières œuvres annoncent déjà les prémices de l’art conceptuel, il est encouragé par Arman, César, Jacques Villeglé. Comme Arman, il s’installe à New York fin 1966 où il expose aux côtés de Sol LeWitt, Donald Judd, Carl Andre, Dan Flavin… Amateur de sciences exactes, il met au point un programme de 4 ans au terme duquel il prévoit d’arrêter sa carrière artistique. En 1971, il se consacre à des rétrospectives de son travail à des conférences à travers le monde ainsi qu’à une série de cours à la Sorbonne.
À partir de 1976, l’œuvre qu’il reprend poursuit finalement son attachement aux formules mathématiques. Il décline notamment une série de sculptures appelées Lignes indéterminées, puis des sculptures en forme d’arcs en acier corten, ses plus connues, qui seront déclinées verticalement, horizontalement, disposées avec géométrie ou en désordre.
En savoir plus
Sa recherche de la matérialité, de la chose directe, sans discours, et son goût de l’expérimentation conduisent très tôt Bernar Venet à porter un regard nouveau sur les constituants traditionnels de l’œuvre et sa recherche de l’univocité.
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Les Matériaux
C’est en Hongrie, à 70 km de Budapest, que Bernar Venet a l’habitude de réaliser ses Lignes indéterminées, ses Arcs et ses Angles. Les tonnes d’acier corten, sous forme de poutrelles de métal brut, sont courbées, tordues, pliées, vrillées par des machines jusqu’à prendre la forme désirée. Il faut ensuite les meuler, les nettoyer, les sabler, les poncer.
« Ce n’est pas tant la rouille que l’acier qui compte. Celui que j’utilise, l’acier corten, reçoit au cours de son laminage une certaine quantité de chrome, de nickel et de cuivre. De ce fait, sa rouille est d’une belle couleur rougeâtre qui contraste parfaitement avec un environnement. »
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Les mathématiques
« Ma sculpture a toujours entretenu un rapport étroit avec les mathématiques. Qu’il s’agisse de la géométrie des Arcs, des Angles ou des Lignes Obliques, sur lesquelles je fais graver leur identité mathématique. […] Mes œuvres plus complexes telles que les Combinaisons aléatoires de lignes indéterminées ou les Accidents sont identifiables par contre à des mathématiques plus récentes, telles que la théorie du chaos, des catastrophes ou la science de la complexité.»
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Les interventions dans l’espace public
Bernar Venet réalise des sculptures monumentales, installées de façon permanente, créant ainsi « une altération, une désorganisation, une perturbation », souligne l’artiste. Au milieu des années 80 on assiste, notamment en France, au renouveau de la commande publique, et les sculptures de Bernar Venet trouvent leur place dans le monde entier, de Paris à Berlin, Cologne, Genève, Tokyo, Séoul, Auckland, Denver, San Francisco… En 2011, après Jeff Koons, Xavier Veilhan et Takashi Murakami, Bernar Venet est l’invité du Château de Versailles.
À l'occasion de la rétrospective, le MAC et l'artiste installent plusieurs sculptures à Lyon : place Antonin Poncet, au Musée des beaux-arts et au siège de GL events.
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Les premières œuvres (1958-1966)
En 1961 à Carpiagne, où il effectue son service militaire, Bernar Venet découvre une coulée de goudron déversé sur une falaise. Fasciné par les propriétés physiques de ce matériau peu coûteux et qui n’appartient pas au champ artistique traditionnel, il réalise dès 1961 une série de « goudrons », d’abord sur papier puis sur toile. La même année, des photos le montrent allongé dans des détritus, pour sa première performance. Sa première sculpture, Tas de charbon (1963) est une oeuvre qui joue avec la gravité et l’aléatoire. « Montrer un tas de charbon, pour moi, c’était montrer une sculpture qui pour la première fois dans l’histoire de l’art, n’avait pas de forme spécifique. (…) Le charbon, posé librement en tas, libérait la sculpture des a priori de la composition imposée par l’artiste. »
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Minimal, Concept
Dès 1966, à New York, Bernar Venet côtoie les minimalistes Donald Judd, Carl Andre et Dan Flavin. Leurs partis pris trouvent un écho chez celui qui cherche la dépersonnalisation du geste artistique. C’est à cette période qu’il conçoit ses Tubes (1966), cylindres taillés en biseau qui prennent leur place au sol du fait de leur forme et de la gravité. Un dessin industriel décrivant l’ensemble des caractéristiques de ces objets lui fait prendre conscience « qu’il serait peut-être plus intéressant de proposer des informations sur l’objet que de montrer l’objet lui-même. »
Le dessin industriel « avait cette particularité de décrire les choses, le monde de manière objective, concrètement, et non suivant l’interprétation subjective de l’auteur. »
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De l'indéterminé à l'accident
À partir du milieu des années 60, Bernar Venet emprunte aux mathématiques diagrammes, théories et formules. Il s’intéresse particulièrement à la géométrie et la ligne devient un élément central de son oeuvre. Dès 1979, avec les Lignes indéterminées, c’est une ligne libre, spontanée, qui s’émancipe de la détermination mathématique. Elle devient
Surfaces indéterminées (saturation de l’espace par des lignes indéterminées) ou Gribs (pour gribouillages), lignes tracées d’un geste vif avant d’être réalisées en acier.
Documents
Dossier pédagogique Rétrospective Bernar Venet
Date de création: 08/03/2021
Date de modification: 08/03/2021
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